Le stage ouvrier, un rite de passage
Depuis des années, pour de nombreux jeunes c’est un rite de passage. Cette tradition, typiquement française, remonte à l’avènement de notre système de grandes écoles publiques et en particulier des écoles d’ingénieurs après la seconde guerre mondiale.
L’enjeu était alors de connaître les conditions de travail des ouvriers, leurs difficultés et leur savoir-faire, les stagiaires étant destinés à être leurs futurs manager.
Réaliser le travail fourni au première loge pour comprendre et respecter leur travail reste aujourd’hui indispensable pour appréhender la réalité du monde professionnel. Travailler avec des machines, apprendre de nouveaux processus, saisir le fonctionnement d’une entreprise et de ses relations sociales, analyser comment les décisions des managers ont un impact sur eux… Le stage ouvrier est reconnu comme une mine d’or pour tous les étudiants futurs ingénieurs.
Et dans les Écoles de commerce… rien ?
Dans les 340 écoles de commerce en France, on ne retrouve pas ce système. Elles proposent bien d’effectuer des stages et des alternances, mais aucune incitation à découvrir nos PME / ETI ni notre industrie. Les étudiants sont livrés à eux-mêmes quant au choix de leurs entreprises d’accueil ; s’ils n’ont pas d’industrie dans leur famille, ils ne s’y dirigent pas. Tout à l’inverse d’un système qui prône l’ouverture d’esprit, le progrès par le mérite et non par la naissance.
A l’heure de la réindustrialisation et de la relocalisation, ces écoles n’auraient-elles pas de nombreux bénéfices à demander à leurs étudiants de faire des stages dans des entreprises qui auraient pour caractéristiques d’être des PME/ETI françaises ?
Les exemples de réussite ne manquent pas. Les stages ouvriers sont très connus et pratiqués dans les écoles d’ingénieurs. L’objectif ? Devenir un meilleur manager en se rendant compte des enjeux et des difficultés de leurs futurs salariés, pouvoir mieux les encadrer.
Un succès que Romain, étudiant à l’école ESTP, nous raconte. Il a effectué sa première expérience professionnelle au sein d’un stage ouvrier de chantier :
« J’ai pu comprendre le fonctionnement des machines, apprendre les techniques et les différents processus. Je me suis rendu compte que c’était un réel savoir-faire. On ne réalise pas à quel point c’est fatiguant : on porte des matériaux très lourds, on fait « 30 000 pas par jour », on monte et descend beaucoup d’étages. On pense qu’ils ne sont pas qualifiés, pourtant je les voyais faire des choses incroyables ».
Romain – étudiant à l’école ESTP
Ces stages sont aussi pratiqués à INSP (anciennement l’ENA). Après avoir effectué un stage en préfecture, les étudiants ont l’obligation d’en faire un de 3 mois au sein du PME du territoire français. L’objectif ? Comprendre le rôle de l’entreprise sur le territoire pour être des administrateurs au fait des réalités des territoires.
Écoles de commerce et de management : c’est à vous !
L’expérience des Ecoles d’ingénieur nous enseignent quelques bonnes pratiques :
- Faciliter les candidatures des étudiants en leur fournissant une liste des PME et ETI de leur territoire
- Encourager les PME et les ETI à ouvrir leurs portes, ou les inviter à intervenir dans des conférences de l’École, pour leur donner plus de visibilité auprès des étudiants. Ce faisant, les PME et ETI pourront proposer des stages adaptés aux profils et attentes des étudiants
- Amplifier les retombées du stage en encourageant les étudiants à partager leur expérience à leurs camarades de classe. Le rapport de stage habituel pourrait donner lieu à un oral permettant à tous de découvrir l’entreprise d’accueil, son savoir-faire et son fonctionnement
Nous voulons donner envie aux jeunes de travailler pour les entreprises françaises, pour cela, encore faut-il qu’ils les connaissent, écoles de commerces à vous d’agir !