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Fabriquer des gants en nitrile français : la bataille de Kolmi Hopen

Depuis plus de 50 ans, Kolmi Hopen, Groupe MEDICOM, est connu pour sa fabrication de masques médicaux et industriels en France. Son fondateur Gérald Heuliez a accepté de nous raconter l’aventure actuelle de l’ensemble des équipes du groupe engagée : la création d’une nouvelle usine de gants en nitrile en France, l’Usine ManiKheir.

Après avoir répondu à un appel à projet, le groupe se lance le pari de fournir des établissements de santé pour 1,7 millions de gants français sur un contrat de 4 ans. C’est un réel challenge pour M. Heuliez et ses équipes. Ce seront les premiers gants en nitrile fabriqués en France depuis 25 ans.

Une usine ne se construit pas en un jour

Localisé dans un site historique de la Sarthe, ce projet permet la réindustrialisation française de la zone et contribue à l’ancrage territorial de l’entreprise car il est proche des autres établissements de Kolmi Hopen. Ce lieu avait deux autres avantages majeurs : une grande accessibilité à l’eau et peu de travaux nécessaires avant l’installation des nouvelles machines. 

Cependant, comme souvent, tout ne s’est pas passé comme prévu. Le groupe a été obligé de déconstruire et reconstruire un bâtiment : une perte de temps considérable sur le projet. La construction de leur propre STEP (stations d’épuration) a duré 1 an, et c’est seulement après qu’ils ont pu commencer à monter les lignes de production.

Le processus de fabrication a été d’autant plus difficile qu’il était inexistant en Europe depuis 25 ans. Un gros projet : refaire toute l’ingénierie des lignes avec des ingénieurs français depuis septembre 2021 pour atteindre la meilleure productivité et qualité possible.

Un projet coûteux de plusieurs mois mais obligatoire pour M. Heuliez, attaché à mettre en valeur une expertise d’ingénierie française et construire des process pensés pour faire face aux contraintes des marché Européens, sur la base de machine Malaise.

Vous l’aurez compris, le groupe MEDICOM s’est donné pour mission de garder ses productions en France mais entre crises de matière premières, augmentation des coûts de l’énergie, du gaz, du fret… Sa mission est mise à rude épreuve. Les résultats sont édifiants : le budget a doublé, de 40 millions à 80 millions aujourd’hui.

Produire des gants en nitrile en Europe ou en Asie ? La concurrence est rude 

“Kolmi Hopen, Groupe MEDICOM veut tout faire dans les règles : produire en France, vendre en Europe, travailler avec des employés sur le territoire, mais les pays asiatiques restent une grande concurrence” explique Gérald Heuliez.

Et oui, ces produits sont majoritairement produits en Asie du Sud-Est, et ce depuis plus de 30 ans. Deux raisons principales à cela. En premier lieu, une raison technique : le latex (Arbre Hévéa) se cultive en masse dans cette zone tropicale et les process de production pour le Latex et le nitrile ont besoin d’une température stable. En France, la température varie ; L’usine ManiKHeir a donc dû investir sur la maitrise et la gestion de l’air. En deuxième lieu, bien sûr, le prix. Si l’on veut respecter les normes sociales et environnementales françaises, le coût de fabrication restera plus élevé qu’en Asie.

Les clients seront ravis d’acheter des gants Made in France mais seront-ils prêts à mettre le prix ?

“Si vous ne regardez que le coût d’achat du produit, nous ne serons jamais aussi compétitifs qu’un produit asiatique, il y a un différentiel de 15 à 20%. Mais si vous prenez le recul suffisant et nécessaire pour regarder le coût global d’une importation et de ses conséquences sur les équilibres sociaux et environnementaux, alors vous réaliserez que votre achat responsable du produit ManiKHeir, fabriqué en Sarthe, sera économiquement vertueux. 150 emplois vont être créer, 300 sur les 3 prochaines années si nous déclenchons l’investissement de la phase 2 avec 4 nouvelles machines”.

Gérald Heuliez

Savoir échanger et mobiliser les parties prenantes devient un réel métier. Cela devient notre travail de savoir à qui parler, quand et pourquoi – depuis les ministères jusqu’aux acteurs locaux. Les cartographier est un long processus. Mais en retour, tous comprennent notre problématique et sont prêts à nous aider”. 

A l’heure de réindustrialisation et de la prise de conscience environnementale et sociale, Kolmi Hopen, Groupe MEDICOM espère que les Français et les européens feront le choix du Made in France. Un projet qui a du sens. Par exemple, ne pas utiliser de chlore, polluant et mauvais pour la santé dans leur processus de fabrication. Le groupe pousse le Made in France dans les détails de la ligne de production aux moules en passant par la brosserie. M. Heuliez le dit : “Faire cette usine 100% Made in France est un projet fou mais vertueux”.

M.Heuliez conclut : “Je suis de nature optimiste : on ne fait pas ce projet si on ne l’est pas”

Ce projet, c’est plus qu’une usine. C’est donner du sens à un projet, réindustrialiser une zone abandonnée, fabriquer un produit qui n’a jamais été fabriqué en France pour nos hôpitaux d’aujourd’hui et demain. En somme, être utile à la société.

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