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PME : enfin, la France nous aime !

Le gouvernement a annoncé en décembre 2022 la création d’un label sur le modèle du Next 40 dédié aux PME à potentiel. Les heureux élus seront accompagnés directement par la Direction Générale des Entreprises, rattachée à Bercy. 

L’idée a tout pour séduire : à l’image du top 100 allemand qui prime les PME à fort potentiel innovant, un tel label permettrait d’identifier ces pépites et de générer un effet d’entraînement pour soutenir un tissu dynamique de 150 000 PME. Une suite légitime à un investissement massif de la part de l’Etat sur les TPE / PME – près de 40 milliards d’euros dans le cadre du Plan de relance post-COVID – et au service d’un objectif ambitieux : 500 ETI en plus dans les 5 ans. 

« Ce sont des entreprises qui incarnent un état d’esprit du « tout est possible ».

Mais attention : ce label doit s’accompagner d’une extrême transparence et d’une valeur ajoutée réelle vs. les dispositifs déjà existants, sans quoi les entrepreneurs n’y verront qu’une tentative pour l’Etat d’exister au sein d’un écosystème entrepreneurial dynamique. Des objectifs clairs (quel est le rôle de l’Etat ? Son impact réel sur la réussite à venir des PME choisies ?), des critères de sélection transparents, un accompagnement puissant et pragmatique.

Il faudra également rendre compte de la montée en compétences des agents de l’Etat sur les enjeux de l’entreprise : entrer dans une culture de l’agile, de l’action, du résultat.

Un label PME : pour qui, pour quoi ? 

  • Premier objectif : témoigner l’intérêt du Ministère de l’Économie pour des entreprises trop longtemps oubliées de nos politiques économiques. Les PME, prises en étau entre les grands groupes et les start-up, ont longtemps pâti d’un manque d’attention de la part des pouvoirs publics. Le crédit impôt recherche en est un exemple criant : sur 21 000 bénéficiaires, les 100 plus grandes entreprises en perçoivent 77% ; un chiffre loin d’être anecdotique quand on sait que le CIR représente les ⅔ de nos dépenses publiques en matière d’innovation. 
  • Deuxième objectif : mettre au devant de la scène des entreprises innovantes jusqu’alors peu visibles afin d’accélérer leur mise à l’échelle. On les croyait vieillottes, enclavées, peu innovantes, sans vision, sans attrait pour les jeunes… Enfin, elles sont sous les feux des projecteurs ! L’excellent rapport du Sénat « Excellence de la recherche/innovation, pénurie de champions industriels : cherchez l’erreur française », publié en juin 2022, faisait état du besoin de mieux soutenir les PME innovantes en vue de faire émerger de nouveaux “champions” industriels. A celles qui portent depuis toujours la vitalité économique et sociétale de nos territoires, on reconnaît enfin une valeur pour la France. 
  • Troisième objectif : proposer à ces entreprises un lien direct avec les services de l’Etat, qui vient s’ajouter aux communautés d’entrepreneurs animées par Bpifrance et autres dispositifs d’animation gouvernementale. Outre la valeur pour l’entreprise, un tel lien permettra aux agents opérationnels de l’Etat de mieux comprendre le non-recours des aides qui sont adressées aux PME. Une immersion pour l’Etat dans le quotidien de l’entreprise. 
  • Enfin, ce label est l’opportunité pour le gouvernement d’illustrer, par l’entreprise, sa vision et notre futur commun. Comment Bercy choisira-t-il ces PME totem si ce n’est pour leur potentiel souverain pour l’avenir de la France ? 

« Ce label doit s’accompagner d’une extrême transparence et d’une valeur ajoutée réelle vs. les dispositifs déjà existants »

PME « à potentiel » : des aiguilles dans une botte de foin ? 

Les canaux pour identifier ces PME sont nombreux : communautés Bpifrance, lauréats des appels à projet France 2030, récentes ouvertures d’usines dans les territoires, réseaux de la French tech et la French Fab… 

La difficulté réside dans leur sélection avec des critères simples et transparents. Le premier écueil serait de donner l’impression d’un choix arbitraire et de “déjà-vu”, ou encore de les choisir de manière descendante sans s’appuyer sur les relais territoriaux de l’innovation. 

Qui sont les PME “à potentiel” ?

Sans nul doute, nous devons attendre de ces entreprises : 

  • De la création d’emplois sur des métiers d’avenir, pour tous nos concitoyens quelque soit leur âge et leurs études ;
  • Un soutien à notre balance commerciale, déficitaire au-delà de ce que nous imaginions il y a encore un an ; 
  • Un maintien de notre cohésion territoriale et du lien démocratique ;
  • Un rayonnement de nos savoir-faire hors de nos frontières et la défense de notre souveraineté sur des produits vulnérables ;
  • Un sens pour les Français, une vision pour l’avenir. 

Concrètement : 

  • Ce sont des PME qui produisent ou relocalisent en France, font rayonner nos savoir-faire, façonnent nos territoires ;
  • Elles innovent pour s’engager pleinement dans la transition environnementale, en misant sur de nouveaux métiers et de nouvelles technologies ;
  • Elles incarnent une vision long terme, une culture managériale transparente et démocratique, un état d’esprit de “tout est possible”
  • Elles sont ouvertes sur leur écosystème : circularité, lien avec start-up et grands groupes, lien nourri avec les citoyens ;
  • Elles se développent à l’export, pour faire rayonner nos savoir-faire ;
  • Elles génèrent des retombées économiques qui bénéficient à la France (par ex : actionnariat français, ré-investissement dans notre économie…) 

Il faudra leur réserver un accompagnement “à la française” mobilisant les meilleurs savoir-faire publics et privés disponibles. En particulier, il s’agira de mobiliser leur écosystème territorial, activer un réseau de financeurs spécialisés, expérimenter les évolutions réglementaires à venir sur le projet de loi portant sur l’industrie verte (commande publique, accès aux fonciers et aux infrastructures de production, formation sur de nouveaux métiers). 

Enfin, il faudra articuler leurs projets dans une vision stratégique de la France rassurante et ambitieuse ; un récit qui mobilise les entrepreneurs, les acteurs publics, les Français.

Pour en savoir plus sur le Ministère des PME cliquez ici

Pour en savoir plus sur la récente mission parlementaire lancée sur les PME innovantes, cliquez ici

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