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Départements : l’économie, c’est fini ?

Avec le vote de la loi NOTRe en 2015, les départements ont perdu la possibilité d’intervenir en matière de développement économique, au nom de la rationalisation du « millefeuille territorial ». Il est facile de comprendre le bien-fondé de cette mesure : un effort de lisibilité vis-à-vis des électeurs et des contribuables. Pour autant, une région, qui hérite seule de la compétence, peut-elle efficacement soutenir le développement économique lorsqu’elle compte 10 (Grand est) ou 12 départements (Nouvelle Aquitaine) ? Peut-on de Bordeaux dynamiser l’économie de la Haute-Vienne, pour beaucoup constituée de PME locales ?

Contrairement aux autres politiques publiques, le succès du développement économique ne dépend pas uniquement de l’efficacité des services publics déployés. Il est le produit d’un ensemble de facteurs, dont certaines échappent d’ailleurs aux collectivités (taux de change) voire à l’Etat (règlements européens). Qu’est-ce qui reste donc aux mains d’une collectivité locale ? Nous croyons à Compagnum que c’est essentiellement la capacité à aider les acteurs à créer un système de confiance, une densité d’échanges, à mêler émulation et coopération. Bref, nous croyons à la capacité de la collectivité à favoriser la vitalité des écosystèmes économiques locaux.
Pour ce faire, quel meilleur acteur que le département depuis que les régions métropolitaines sont, à quelques exceptions près, devenues immenses ?

Par son échelle, d’abord. Avec des cantons, d’abord, qui correspondent en milieu rural à des bassins de vie qui regroupent des entreprises, leurs salariés et, pour la plupart d’entre elles, leurs clients. Avec une position centrale, ensuite, celui d’intermédiaire entre la région, et les intercommunalités. Responsables des mobilités, de l’immobilier d’entreprise (si elles l’ont souhaité), les intercommunalités ont besoin de se projeter et trouvent dans le département un partenaire. Responsables du développement économique souvent traduites par des logiques de filières de rayonnement national voire européen (filière bois-construction, énergies marines renouvelables, hydrogène, etc), elles ont besoin d’un relais pour correctement adresser le tissu de PME (#CPME CMA #CCIFrance).

Par ses compétences ensuite. Responsable des routes et des infrastructures routières, souvent à la manœuvre sur le déploiement du numérique et de la fibre, le département joue un rôle clé pour rendre les entreprises de son territoire compétitives. Par sa puissance d’intervention dans l’économie locale, au travers de la commande publique (7% de la commande publique d’après l’OECP). La #FNTP, la #FFB, la #Capeb, mais aussi des entreprises de services #Aplim le savent bien. Par sa compétence en matière de solidarités sociales, qui l’amène à aller bien au-delà du versement
du RSA pour aider les personnes à retrouver le chemin de l’emploi. Les dispositifs Territoires zéro chômeurs de longue durée sont un excellent exemple, ainsi que le soutien aux entreprises à but d’emploi, comme dans la #Nièvre.


Pour autant, tous les départements ne sauront pas tirer parti de ces atouts. A l’heure où la saturation des métropoles, le zéro artificialisation nette, l’aspiration générale de la société à la qualité de vie, seuls ceux qui prendront la responsabilité de leur rôle économique à cœur sortiront du lot. Pas dans une logique de reprise de compétence mais dans un nouveau rôle d’animation du territoire. Quels sont les besoins des entreprises hors filières régionales ? Qu’est-ce qui marche dans
les département à la dynamique d’emploi forte #Mayenne #Vendée ? Comment faire se parler élus et entreprises dans les territoires ruraux ? En miroir des entreprises, qui réfléchissent de plus en plus à la « responsabilité territoriale des entreprises » (#TimothéeDuverger), les départements ne sont-ils pas à même d’exercer leur « responsabilité d’animation territoriale » ?

En matière économique, le département a perdu une compétence mais a gagné un soft power.

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